(Version longue de l’interview de Helga publiée dans le ANDARinfos n°66)
Depuis quelques mois, Helga court en portant les couleurs de l’ANDAR... Elle enchaine les défis et les scores impressionnants ! Portrait d’une femme courageuse et dévouée qui travaille dans l’industrie pharmaceutique la semaine et troque ses talons pour des chaussures de running le week-end en ajoutant une portée sociale dont nous sommes fiers !
Helga, vous réalisez des temps impressionnants… on peut vous demander votre âge et votre catégorie de course ?
45 ans (rire), et j’ai appris il y a 3 ans, depuis que je suis dans mon club de course, qu’il existait des temps, des catégories, en fonction de l’âge. Je suis donc en M1, et je suis contente car il y a des podiums en global où je suis à côté de nanas, ça va me donner un coup de vieux, qui ont 22 ans ! C’est pour ça qu’il faut aussi faire des podiums suivant l’âge. Sur des courses on voit parfois des gens de 70 même80 ans, c’est impressionnant !Vous courez depuis longtemps ?
Je fais du sport depuis longtemps en fait, pour le fun pas en club, que ce soit du vélo ou de la natation. J’ai commencé la course à pieds en 2000 après la perte de quelqu’un de très proche. Ça a été pour moi une façon comme une autre, une manière non réfléchie, très spontanée, d’essayer de souffler devant l’insupportable. C’était un défouloir au départ, après le boulot, ça me vidait les tripes. Je courrais peu au début, 2 à 3 fois par semaine pendant 30/40 minutes.Qu’est-ce qui vous a poussée à devenir une coureuse régulière et à vous lancer dans les courses « officielles » ?
Un jour il y a bientôt 3 ans, je courrais tranquillement en forêt, et j’ai rencontré une autre coureuse qui m’a abordée : « Mais je te croise tout le temps ! viens, j’entraine des filles à Sartrouville ! ». Sur le moment je ne savais pas mais je venais de parler à Zohra Graziani, une athlète française qui a participé aux Jeux Olympiques de 1992. On s’est recroisées en courant, elle me l’a reproposé une, deux, trois fois, puis une fois j’y suis allé, j’ai découvert qui elle était, qu’elle tenait un club d’athlétisme l’« Entente Sportive de Sartrouville », et c’est elle qui m’a appris à courir. J’ai commencé à vouloir améliorer mon temps sur 10km, car avant je m’en fichais totalement, quand j’ai entendu qu’une nana de mon âge avait fait les championnats de France avec un temps de 48min, alors que quand j’ai commencé je faisais 54min / 52min au mieux, là je me suis dit c’est jouable ! Et pour s’améliorer on fait des entrainements, des « longs », des « fractionnés », le « fartlek », on fait travailler le cœur.Ce n’est pas trop dur avec le travail la journée ?
Tôt ce matin avant de commencer le travail j’ai fait 45 minutes tranquille (rire), et là ce soir je repars (re-rire), mais c’est rare deux fois par jours, c’est juste ma 3e semaine depuis que je cours que je fais ça. C’est parce que c’est bientôt les vacances, je ne sais pas si je pourrais m’entrainer (rire). La journée je ne suis plus fatiguée, je peux m’entrainer beaucoup, mais cela n’a pas toujours été le cas. Il y a encore 3 ou 4 ans, quand je courrais plus de 3 jours par semaine, j’avais de grosses carences en fer, des chutes de tensions, et j’étais lessivée ! Alors que maintenant je peux enchainer en période compétitions / préparations 5 à 6 fois par semaine sans soucis. Il Faut juste bien manger !Vous trouvez le temps pour tout faire (boulot, sport, maison) ?
Je ne regarde quasiment pas la télévision, et c’est un choix à faire (rire). Même si je m’entraine 6 fois par semaine, c’est moins d’une heure par jour. Tout le monde peut trouver une heure par jour pour soi ! Il n’y a que l’entrainement bi-quotidien qui est trop fatigant avant le travail hors période vacances scolaire.Vous ressentez quoi quand vous courez maintenant ?
C’est devenu mon équilibre, c’est un besoin ! J’ai besoin de faire du sport, comme j’ai besoin de manger ou de boire, de l’eau je précise ! même si je ne dis pas non à une bonne bibine (rire). Ça fait partie de mon hygiène de vie. La course à pieds c’est aussi pour moi un nid de réflexion qui est très fort ! je prends énormément de décisions en courant, au niveau du boulot par exemple je monte beaucoup de projets en courant, ça me permet aussi de prendre beaucoup de recul sur les choses. C’est vraiment un besoin. Si je ne peux pas courir de quelques jours ça va me manquer. C’est devenu ma drogue (rire). Je trouverais autre chose si demain je me blesse ou ne peux plus courir, comme la nage ou un art martial, mais j’aurais besoin d’une activité sportive !Qu’est ce qui a changé maintenant à votre façon de courir où au début c’était du plat, et maintenant vous faite le marathon du Mont Blanc par exemple ?
C’est complétement différent. Il y en a qui ne font que ça en montagne, ça s’appelle le trail, des entrainements sur des terrains accidentés. Le Mont Blanc avec sa date du 1er juillet était pour moi symbolique et très importante, c’était un défi. En fait quand on court régulièrement, c’est important de faire des « côtes », il faut varier son entrainement pour progresser. Ça m’a permis de faire le Mont Blanc et je suis contente car ça ne s’est pas trop mal passé. La partie mentale était très importante ! Plus de 450 abandons ! c’était parfois très dur avec des pentes à 30 degrés ! De toute façon la course c’est comme une école de la vie, tu peux transposer, le mental est très important au quotidien.Vous courez avec le logo de l’ANDAR sur votre maillot… pourquoi ?
C’est suite à une rencontre par hasard avec une patiente sur Dreux, j’ai rencontré quelqu’un de très généreux, souriante, une belle personne comme je les aime ! Elle défendait de très belles valeurs et m’a donné envie de défendre les couleurs de l’ANDAR. C’était une façon de lier mon activité professionnelle avec une association de patients. Je suis heureuse de voir que grâce aux traitements les patients ont une meilleure qualité de vie, c’est des choses qui comptent pour moi. Si je peux défendre vos couleurs, faire connaître la maladie, j’en suis fière ! Je suis contente car vous avez l’air content, c’est un plaisir partagé ! Avant ça c’est aussi ma façon d’être en général, je suis quelqu’un d’investie depuis des années et des années dans des associations caritatives, je défends aussi l’UNISEP (UNIon pour la lutte contre la Sclérose En Plaques) depuis des années, et depuis 2 ans je fais la course « Les Virades de l’espoir » contre la Mucoviscidose, cette année j’irais en portant en plus vos couleurs !Vous travaillez donc dans l’industrie pharmaceutique, il n’y a pas eu de problèmes avec vos supérieurs ?
Ça fait donc plusieurs années que je fais de la course à pieds, j’avais déjà vu que d’autres laboratoires s’investissaient sur de gros marathons, et comme je commençais à faire des bons temps, j’avais envie aussi de courir aux couleurs de mon laboratoire. Sur le principe ils étaient d’accord, mais comme ça n’a pas bougé, pour le marathon de Sénart du 1er mai 2018, j’ai demandé si à titre personnel et règlementaire ils m’autorisaient à courir aux couleurs d’une association. A titre personnel ils n’ont vu aucun souci. Et au final je suis contente car je suis en accord avec mes valeurs, et dans la vie je fonctionne toujours comme ça.Un message à faire passer ?
J’ai commencé à courir dans une période très dure de ma vie, et le message positif que je veux faire passer, c’est qu’on peut toujours se raccrocher à quelque chose. On peut y arriver, il y a toujours une lumière au bout. Les personnes atteintes de Polyarthrite Rhumatoïde que je connais sont des gens généreux, qui se battent, et j’admire !Quelles sont vos Prochaine courses et/ou objectifs ?
Je vais essayer de m’améliorer sur les 10km car je déteste ça, et d’avoir réussi à faire le Mont-Blanc et finir 13e française de ma catégorie, je me suis dit wouaouuh ce n’est pas trop mal. Faire les 20km de Paris pour faire quelque chose de correct pour les championnats de France, et si tout va bien faire le marathon de Valence en Espagne le 2 décembre. Prochaine grande course en projet, le Trail Golfe du Morbihan, la course à pied de 56km en Bretagne. Il y a 5 ans en arrière si on m’avait parlé de marathon j’aurais pris la personne pour un fou. Comme quoi on devient accro (rire). Ce sont des défis personnels, du dépassement de soi à chaque fois !
Merci à Helga, femme de cœur, de porter les couleurs de l’ANDAR.
Toute l’association est très touchée de cette action personnelle généreuse pour faire connaître la polyarthrite !
Merci pour tout Helga !