Les personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde présentent un risque accru de fragilité osseuse et, donc, de fracture. Cette vulnérabilité particulière est en partie due à l’activité inflammatoire chronique qui caractérise la polyarthrite, mais d’autres facteurs augmentent également le risque d’ostéoporose lorsqu’on souffre de polyarthrite rhumatoïde.
L’ostéoporose, qu’est-ce que c’est ?
Tout au long de la vie, nos os sont continuellement détruits et reconstruits pour que leur structure soit parfaitement adaptée à nos conditions de vie. La solidité des os est liée à l’importance de leur masse, qui augmente au cours de l’enfance et de l’adolescence. À partir de 35 ans, la masse osseuse commence à diminuer lentement, pour les hommes comme pour les femmes, parce que nous ne fabriquons plus tout à fait autant d’os nouveau que nous n’éliminons d’os ancien. La perte osseuse s’accélère chez la femme à la ménopause, du fait de la diminution du taux des hormones sexuelles (œstrogènes).
L’ostéoporose se caractérise par une diminution de la masse osseuse et une dégradation de l’architecture microscopique des os, résultant en une fragilité accrue des os du squelette et un risque élevé de fractures. Au-delà des dégradations osseuses liées à l’âge, comme expliqué ci-dessus, l’ostéoporose peut également être la complication d’une maladie chronique et, en particulier, d’une maladie inflammatoire chronique comme la polyarthrite rhumatoïde, la spondylarthrite, la maladie de Crohn, le lupus, etc. Parfois, elle peut aussi être un effet indésirable d’un traitement médicamenteux de longue durée.
Quels sont les risques de l’ostéoporose ?
L’ostéoporose est une maladie grave à cause de ses complications (fractures) et du handicap qu’elles entraînent. Lorsque les os sont trop fragilisés, des fractures peuvent survenir à l’occasion de traumatismes minimes, de simples efforts, voire même de manière spontanée. Les fractures les plus fréquentes sont celles du col du fémur (hanche), des vertèbres et du poignet. Mais des fractures liées à l’ostéoporose peuvent survenir sur la quasi-totalité des os en dehors du crâne, des vertèbres du cou, des doigts et des orteils.
Après 50 ans, près d’une femme sur deux et un homme sur six ont une fracture. En l’absence de traitement contre l’ostéoporose, il est probable d’avoir plusieurs fractures.
Quels sont les facteurs de risque d’ostéoporose ?
Certains facteurs augmentent le risque de développer une ostéoporose, que l’on souffre ou non de PR.
- L’âge : les personnes de plus de 50 ans font l’objet d’un suivi de leur santé osseuse plus rapproché.
- Des antécédents familiaux ou personnels de fractures.
- Une densité osseuse anormalement faible.
- Des troubles des règles ou une absence de règles.
- La ménopause.
- L’absence d’activité physique.
- Une trop grande maigreur.
- Une alimentation pauvre en calcium et en vitamine D.
- Le tabac.
- L’excès de boissons alcoolisées (au-delà de deux verres par jour).
Quel est le lien entre la PR et l’ostéoporose ?
Les personnes qui ont une PR ont un risque plus élevé de fractures dues à l’ostéoporose, en particulier au niveau de la hanche et du poignet. Cette plus grande vulnérabilité est à la fois liée à l’inflammation chronique, à certains médicaments et à une plus grande sédentarité.
En effet, l’inflammation chronique qui caractérise la PR favorise la perte de la masse osseuse via la production de certaines protéines par le système immunitaire (les cytokines). Ces substances stimulent les cellules responsables de la destruction des os et renforcent le déséquilibre entre destruction et reconstruction. Pour cette raison, les traitements qui diminuent l’inflammation liée à la PR contribuent à préserver la solidité des os. D’un autre côté, les corticoïdes, médicaments fréquemment prescrits pour soulager les symptômes de la PR, peuvent augmenter le risque d’ostéoporose lorsqu’ils sont pris pendant plusieurs mois. Le risque de fracture est maximal durant les premiers mois de traitement. C’est pourquoi l’état des os doit être particulièrement surveillé avant de prescrire des corticoïdes et pendant les premiers mois de traitement.
Quelles sont les personnes atteintes de PR les plus à risque ?
- celles dont les symptômes de PR sont les plus intenses,
- les personnes de plus de 50 ans,
- qui reçoivent un traitement prolongé par corticoïdes.
Pourquoi prévenir l’ostéoporose ?
Souffrir de douleurs articulaires c’est bien suffisant, il faut éviter autant que possible que le handicap de la fracture ne vienne s’ajouter à celui de la PR ! Par exemple, les suites d’une fracture du col du fémur exigent l’usage de béquilles, ce qui peut s’avérer très pénible chez les personnes dont les mains, les poignets et les épaules sont douloureux. Ce béquillage peut à son tour aggraver les lésions articulaires dues à la PR. Pour ces raisons, la prévention de l’ostéoporose devrait être une priorité chez les personnes atteintes de PR.
Comment réduire le risque d’ostéoporose ?
Parce que l’inflammation chronique qui caractérise la PR stimule les cellules responsables de la destruction des os, tous les traitements qui diminuent l’inflammation liée à la PR contribuent à préserver la solidité des os. De plus, comme pour toute personne à risque d’ostéoporose, la prévention des fractures repose sur cinq piliers :
- une alimentation avec des apports suffisants en calcium ;
- un apport supplémentaire de vitamine D nécessaire à l’absorption du calcium et à la santé des os et des muscles ;
- le maintien d’un mode de vie actif avec la pratique régulière d’activités physiques ;
- l’aménagement du domicile pour réduire les risques de chute ;
- l’arrêt des conduites addictives (tabac, alcool). En effet, le tabac accélère la perte osseuse et l’élimination des œstrogènes, tandis que l’alcool augmente l’élimination du calcium dans les urines. Dans certains cas particuliers, la prévention des fractures nécessite de surcroît la prescription de médicaments qui ralentissent la destruction des os par les cellules osseuses chargées de renouveler l’os, notamment chez les femmes ménopausées qui doivent recevoir des corticoïdes de manière prolongée.
Quelles activités physiques choisir ?
En prévention de l’ostéoporose, les activités physiques les plus bénéfiques sont celles qui comportent des impacts provoquant des pressions perçues par le squelette : course à pied, tennis, randonnée, step, etc. Ce type d’activité renforce la trame osseuse (pour prévenir les fractures) et permet d’entretenir les articulations et les muscles (pour lutter contre les raideurs liées à la PR). Lorsqu’on est atteint de polyarthrite rhumatoïde, l’activité physique ne doit pas être agressive : les mouvements doivent être amples et ne pas provoquer de douleur. L’activité physique la plus simple est la marche qui entretient les articulations et les muscles des membres inférieurs et qui améliore la solidité des os en provoquant un léger impact osseux à chaque pas.
Parmi les activités physiques que les personnes atteintes de PR peuvent pratiquer, on peut citer également des activités comme la gym Pilates, le tai chi, le qi gong, la méthode Feldenkrais ou l’aquagym qui, à travers leur aspect global, permettent de travailler en douceur toutes les parties du corps.
Comment agissent les médicaments de l’ostéoporose ?
Certains médicaments préviennent la perte osseuse chez les personnes à risque d’ostéoporose en intervenant avant que les os ne soient trop fragilisés, en bloquant l’activité des cellules chargées de détruire l’os pour le remodeler (bisphosphonates, traitements hormonaux substitutifs de la ménopause). D’autres ont un effet curatif, en stimulant de manière transitoire les cellules formant l’os nouveau (térapiride).
Ces médicaments existent sous forme de comprimés ou de solution injectable par voie sous-cutanée ou intraveineuse sur un rythme qui varie selon la substance. Ils sont en général remboursés lorsqu’ils sont prescrits après une fracture ou un tassement vertébral, en cas de diminution importante de la densité osseuse ou pour prévenir les effets négatifs d’un traitement sur la solidité osseuse (par exemple au début d’un traitement par des corticoïdes).
(conclusion)En conclusion, les mesures de prévention de l’ostéoporose dans le cadre de la PR apportent des bénéfices qui dépassent largement la santé des os et s’étendent à presque toutes les dimensions de la santé en général : maîtrise de l’activité inflammatoire liée à la polyarthrite rhumatoïde, activité physique régulière, alimentation équilibrée, supplémentation en vitamine D… La prévention des fractures est une occasion de plus d’adopter de bonnes habitudes de vie et de recevoir un traitement adapté à votre maladie, avec l’objectif de préserver votre autonomie et votre qualité de vie.
Présentez-vous des risques d’ostéoporose ?
Répondez aux questions qui suivent. Si vous répondez oui à au moins une question, parlez-en avec votre médecin.
- Votre père ou votre mère se sont-ils fracturé le col du fémur à la suite d’un choc ou d’une chute sans gravité ?
- Vous êtes-vous fracturé un os à la suite d’un choc ou d’une chute sans gravité ?
- Avez-vous reçu un traitement à base de corticoïdes (cortisone) pendant plus de trois mois ?
- Buvez-vous de l’alcool régulièrement (plus de deux verres par jour) ?
- Fumez-vous plus de 20 cigarettes par jour ?
- Votre activité physique est-elle très réduite, voire inexistante ?
- Prenez-vous des repas sans produit laitier ? Questions supplémentaires pour les femmes :
- Votre ménopause a-t-elle commencé avant l’âge de 45 ans ?
- Vos règles se sont-elles interrompues pendant 12 mois ou plus, pour une autre raison qu’une grossesse ?
- Votre taille a-t-elle diminué de plus de trois centimètres depuis l’âge adulte ? Attention cette perte de taille peut traduire la survenue d’une fracture vertébrale ostéoporotique qui peut passer inaperçue dans près de deux cas sur trois.
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Source : Par Daphney Nasrallah, Dr en Pharmacie, EmPatient